Retour à Histoires
HISTOIRES

Quelques clés pour concevoir un contenu attrayant

23 mars 2023
Quelques clés pour concevoir un contenu attrayant

Interview de Sophia Smith Galer par Alexandra Borchardt, autrice principale du News Report 2023 de l’UER, Climate Journalism That Works — Between Knowledge and Impact.

Sophia Smith Galer est reporter, autrice de livres et créatrice TikTok pour Vice World News. Ses reportages, dont la plupart abordent des questions liées à la justice sociale, à la santé génésique et aux dommages causés à l'environnement, comptent plus de 450 000 adeptes. Quant à ses vidéos, elles ont été visionnées plus de 130 millions de fois.

Vous êtes journaliste et les principales plateformes que vous utilisez sont TikTok et Instagram. Quelle est pour vous l'importance des posts sur le changement climatique ?

Je couvre l’actualité en général, mais la justice et l'action climatiques sont des sujets très importants pour les jeunes. J'ai réalisé des vidéos sur TikTok lors de la COP26 à Glasgow et j’ai aussi profité de l'occasion pour mettre en lumière le bilan des sponsors de la COP26, qui étaient presque exclusivement des entreprises aux performances environnementales médiocres. Les reportages sur le climat que j'ai réalisés depuis lors concernaient principalement des actes répréhensibles. J'ai signalé des cas où les autorités locales ou nationales n’étaient pas à la hauteur de la situation. Un grand nombre de mes contenus en ligne concernent la crise climatique.

Vous avez réalisé des vidéos TikTok sur une plage polluée en Italie et sur un site de reforestation, au Royaume-Uni. Cela relève-t-il selon vous du journalisme d'investigation ?

Le type de journalisme que je pratique met l'accent sur les actes répréhensibles et sur la nécessité de demander des comptes aux autorités. C'est différent des fonctions que j'ai occupées précédemment. Dans mes vidéos TikTok personnelles, j'ai tendance à me concentrer sur le « journalisme de solutions ».

Pour ceux qui ne connaissent pas la plateforme, pourriez-vous décrire le type de journalisme qui fonctionne le mieux sur TikTok et comment, le cas échéant, il est à distinguer de l'activisme ?

Il n'y a pas un type de journalisme qui fonctionne mieux que l'autre, il faut dans tous les cas réaliser des recherches minutieuses et respecter les principes de la déontologie journalistique. Il ne s’agit pas de faire du lobbying ou d'inciter les utilisateurs à suivre tel ou tel conseil, ce que l'on a trop tendance à voir dans les vidéos de certains activistes.

Vous avez travaillé pour la BBC. Avez-vous des conseils à donner aux organisations reconnues ?

J'ai contribué à lancer le « journalisme TikTok » au Royaume-Uni. Il n’est pas facile d’intéresser le public à la crise climatique. Quand on fait des vidéos, la difficulté est de trouver des sujets qui s’y prêtent. Mais il y a de quoi faire. Montrer les rejets d’eaux usées dans les rivières fonctionne bien, par exemple. Et puis il y a l'aspect technique : si une rédaction veut que ses reportages fassent mouche, elle doit faire des vidéos au format vertical. Elle doit également penser à y ajouter du texte, car cela permet de toucher un public plus vaste.

Quelles sont les erreurs des médias traditionnels ?

Si je suis présente sur Insta et TikTok, c’est parce que c’est sur ces plateformes que le public se trouve et exprime ses besoins. Il faut s’approprier cet espace. J'ai beaucoup appris avec mon compte personnel. Ce qui fonctionne bien, c'est lorsque les journalistes créent des communautés autour de leurs reportages, de leurs sujets. Tout se croise. Mais pour les médias traditionnels, cela ne fonctionnera que si d'autres sujets sont relégués au second plan. En l’état actuel des choses, la télévision et la radio sont toujours prioritaires par rapport au numérique.

Est-ce la raison pour laquelle vous avez quitté la BBC ?

Vice est une rédaction en ligne, ce qui facilite les choses. Ce sont au total plus de 450 000 personnes qui me suivent, sur différentes plateformes. J'ai noué des liens de confiance avec elles sur mon compte personnel parce que j'ai demandé des comptes au pouvoir. Il faut avoir envie de le faire ! Or bon nombre de journalistes ne voient pas la nécessité de s’adresser aux jeunes publics.

Que faites-vous pour savoir si les nouvelles plateformes peuvent fonctionner ?

Je commence à les utiliser dès leurs débuts. Il faut le faire à un stade aussi anticipé que possible, apprendre à en tirer parti. Je ne suis pas de journalistes sur ces plateformes, mais des créateurs de contenu, afin de bien cerner comment ils créent du contenu attrayant pour leur public. Les gens ne viennent pas sur Insta pour suivre des journalistes.

Vous abordez un large éventail de sujets. Est-il plus important de maîtriser une plateforme que de se spécialiser dans un domaine particulier pour attirer un large public ?

Non. C'est tout simplement la façon dont j'aime travailler.

Qu'en est-il de vos contenus sur le climat ? Sont-ils plus ou moins prisés que les autres domaines et sujets que vous abordez ?

Je pense qu’en termes d’interactions et de likes, les résultats sont à peu près les mêmes que pour mon contenu généraliste.

Vous investissez-vous personnellement sur les enjeux climatiques ?

J’essaye en effet d’avoir un mode de vie et de consommation qui soit cohérent avec mes convictions. Je ne conduis pas et j'espère pouvoir passer ma vie sans conduire. Chez moi, je suis adepte du pesco-végétarisme. Je prends souvent l'avion et je me sens très coupable. Mais je dois le faire pour pouvoir ensuite témoigner.
 

Liens et documents pertinents

Contact


Jo Waters

Responsable de la communication de contenu

waters@ebu.ch