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Le sport pour toutes et tous, partout

02 septembre 2021
Le sport pour toutes et tous, partout

Dans un article paru pour la première fois dans Broadcast, Noel Curran, directeur général de l’UER, aborde la question de l’équilibre entre audience et recettes en matière de diffusion télévisée d’événements sportifs

Les retransmissions en direct de grands événements sportifs ont fait leur retour cet été.

Ainsi donc, les Championnats d’Europe de l’UEFA et les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020, sans oublier certains rendez-vous incontournables comme le Tour de France, ont rassemblé un nombre impressionnant de fans.

Nous nous félicitons de voir le public retrouver enfin le chemin des stades. Mais même lorsque les rassemblements étaient interdits, les radiodiffuseurs ont joué un rôle majeur pour permettre à chacun.e de ressentir toutes les émotions que seul le sport peut procurer.

Après un an d’isolement, quelle joie de pouvoir se retrouver et vivre de grands moments de partage !

C’est justement dans ces moments que les radiodiffuseurs de service public rappellent leur importance, eux qui permettent à toutes et tous d’apprécier le sport, partout.

Plus des deux tiers des amatrices et amateurs de sport n’ont pas accès aux chaînes sportives payantes, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas suivre l’intégralité des événements de leurs disciplines préférées. Cela a notamment été le cas lors des Jeux olympiques.

L’année dernière, nous avons également pu constater les effets de la pandémie sur le niveau de revenu des Européen.ne.s, qui sont de moins en moins nombreux à pouvoir ou à vouloir délier les cordons de leur bourse pour accéder à des contenus sportifs.

Cette situation soulève une question délicate pour les fédérations sportives : comment arbitrer entre l’audience garantie par les chaînes gratuites et les recettes générées par la vente des droits de diffusion aux chaînes payantes ?

L’équation n’est pas simple. Les fédérations doivent toutefois comprendre que les retombées financières ne se limitent pas à la perception des droits de diffusion. La télévision gratuite génère une audience bien plus importante. Elle attire également des publics plus variés et, par conséquent, des sponsors bien plus diversifiés. Même en termes purement financiers, elle peut constituer, pour de nombreuses disciplines, la solution la plus rentable.

Ainsi donc, si la plupart des sports, en dehors des compétitions les plus prestigieuses de football, des courses de Formule 1 ou des JO, étaient diffusés uniquement sur des chaînes payantes, il faudrait augmenter de plus de 40 % le montant de leurs droits de diffusion pour compenser la valeur de l’audience cumulée que la télévision gratuite leur aurait assurée.

Les chaînes gratuites touchent plus de 800 millions d’Européen.ne.s, un nombre nettement supérieur à l’audience des télévisions payantes. Le fait de toucher un public aussi large assure non seulement une plus grande valeur ajoutée aux sponsors, mais renforce aussi l’implication dans le sport.

Les médias de service public attirent également une population beaucoup plus large, alors que la télévision payante traditionnelle a beaucoup de mal à intéresser les femmes et les jeunes. L’empreinte numérique de nos Membres ne doit pas être sous-estimée. Elle nous permet d’exploiter tous les droits relatifs aux événements sportifs, au-delà des limites de la programmation linéaire, et de s’adresser à un public bien plus vaste.

Le sport doit être accessible à toutes et tous. Nous avons besoin des médias de service public pour rassembler les spectateurs et spectatrices autour de grands événements nationaux, pour inspirer la prochaine génération d’athlètes et pour développer le nombre d’adeptes des disciplines naissantes.

Dans un paysage médiatique en pleine évolution, seul le temps nous dira comment le marché s’est adapté pour parvenir à l’équilibre entre audience et recettes. La télévision gratuite a un rôle important à jouer pour répondre à cette exigence.

Liens et documents pertinents

Ecrit par


Noel Curran

Directeur général de l'UER

dgo@ebu.ch