Le 20 janvier, l'UER a publié une vidéo expliquant comment la big tech modifie arbitrairement les contenus et services des MSP. C'est en effet sur la base de leurs propres conditions générales que les plateformes des géants de la tech modèrent le contenu éditorial et les services de médias. Alors que les médias de service public publient des contenus parfaitement licites, ces plateformes :

• suppriment des posts         
• bloquent des comptes
• et imposent des restrictions en matière d'accès à certains contenus et services

La vidéo ci-dessus met en lumière un contenu posté sur Facebook par la RTBF, le média belge francophone ; or ce reportage sur les violences policières a été purement et simplement supprimé du réseau social, durant plusieurs heures. Facebook a en effet supprimé la vidéo et l'a remise en ligne uniquement après que la RTBF s’est plainte de ce retrait arbitraire. Pour en savoir plus sur cette affaire, cliquez ici. En février 2021 la WDR, média audiovisuel allemand, a connu un incident similaire sur Facebook et Instagram.  

Autre exemple, datant cette fois de juin 2019 : le compte Instagram de l'émission humoristique Tankesmedjan, diffusée à la Radio suédoise et destinée au jeune public, a été retirée de la plateforme sans avertissement préalable. L'équipe de production n'a reçu qu'un message d'alerte standard, l'informant que l'un de ses posts contrevenaient aux règles d'Instagram. Aucune autre explication, pouvant justifier le retrait du contenu en question, n’était en revanche fournie. La Radio suédoise a alors contacté la branche locale de Facebook, qui a fait passer le message à l'équipe chargée de la modération à l’international et deux mois plus tard, le compte était rétabli.

À plusieurs reprises la NRK, en Norvège, s'est inquiétée du retrait de ses logos des images miniatures de l'application Apple Podcasts, alors que chaque épisode téléchargé est normalement assorti d'une image contenant le logo du MSP norvégien. Apple n'a certes pas retiré l'image entière, mais en a supprimé ce logo, les utilisateurs et utilisatrices n'étant par conséquent plus en mesure de comprendre que c'est bien la NRK qui a produit et publié les podcasts en question.

DR, société danoise de radio-télévision, a eu maille à partir avec Google concernant le retrait et le blocage de contenus destinés notamment à son application Ramasjang. En août 2020, Google a purement et simplement supprimé cette app, sans fournir la moindre explication à DR. Des discussions ont été entamées et ont permis de comprendre que Google s'inquiétait d'une scène dans laquelle le personnage principal suçait un bâton de réglisse. Ces discussions ont suscité un vif débat au sein de l'opinion publique, eu égard à la nécessité d'assurer l'indépendance éditoriale des fournisseurs de contenus sur les plateformes en ligne. Google a fini par remettre l'app à disposition, sous sa forme originelle, mais sans expliquer ce revirement.

En mars 2021, YouTube a retiré de sa plateforme deux vidéos produites par la RTS, média audiovisuel suisse romand, pour son émission Géopolitis : l'une d'elles faisait le point sur la situation en Chine, en lien avec le Covid-19, tandis que l'autre concernait les violences policières en Russie. L'une de ces vidéos n'a jamais été remise en ligne, l'autre se voyant interdite au moins de 18 ans. Pour en savoir plus sur les contenus retirés, cliquer ici.

Si dans chaque cas, les contenus retirés ont finalement été remis en ligne, le personnel éditorial et les journalistes des MSP perdent un temps considérable et précieux à demander des comptes aux plateformes, jusqu'à ce que leurs contenus soient à nouveau disponibles. Il est difficilement compréhensible que les plateformes soumettent des contenus parfaitement licites à une étape de modération supplémentaire et injustifiée.