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HISTOIRES

3 questions à la trompettiste Selina Ott

14 novembre 2022
3 questions à la trompettiste Selina Ott

La trompettiste autrichienne Selina Ott poursuit une brillante carrière dans le monde de la musique classique. Elle s’est fait connaître en devenant la première femme à remporter le Concours international de musique de l’ARD dans sa catégorie, en 2018. Depuis, elle a donné plusieurs concerts avec les plus grands orchestres d’Europe et du Japon. Selina Ott est également présente dans la série Top Young Performers de l’Euroradio de cette saison, qui vise à soutenir et à mettre en lumière les étoiles montantes de la scène classique. Le 11 novembre, elle a joué sous la direction de Patrick Hahn, accompagnée par l’Orchestre philharmonique de la Radio allemande, lors d’un concert diffusé en direct par la Saarländischer Rundfunk (Allemagne). C’est avant cet événement que nous lui avons posé nos « 3 questions » traditionnelles.

Q : Vous participez à Top Young Performers, une série de concerts organisée pendant cette saison de l’Euroradio et accessible au vaste public de mélomanes des radios de service public, en Europe et ailleurs. Quelle a été votre réaction en apprenant que vous aviez été sélectionnée ?

R : Je suis très honorée de participer à la série Top Young Performers de l’Euroradio. Pour les jeunes musicien.ne.s qui, comme moi, débutent une carrière de soliste, il est très important de se faire connaître et de pouvoir se produire. C’est particulièrement le cas en cette époque marquée par la pandémie, le changement climatique et, maintenant, la crise de l’énergie. Il est encore plus important de se faire un nom et de soutenir la culture, qui constitue une partie essentielle de notre vie quotidienne. La culture n’est généralement pas assez reconnue, parce qu’elle n’est pas nécessaire à la survie. Mais elle nous définit en tant qu’êtres humains et nous devons la préserver pour cette raison. Les jeunes musicien.ne.s doivent travailler encore plus dur pour que la culture revienne en force après la pandémie.

Vous avez été la première femme dans les 70 ans d’histoire du Concours international de musique de l’ARD à recevoir le premier prix dans la discipline de la trompette, en 2018. Comment ce succès a-t-il influencé votre carrière ?

Le concours de l’ARD m’a offert des opportunités, probablement pour toute ma carrière de soliste. Il m’a ouvert de nombreuses portes et m’a permis de travailler avec différents orchestres en Europe et, récemment, au Japon. J’ai eu beaucoup de chance en remportant ce concours. Sans lui, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui. Pour moi, il a tout changé. Il m’a donné la possibilité de poursuivre une carrière de soliste.

Votre concert du 11 novembre, mis à disposition par la Saarländischer Rundfunk et diffusé en direct par la Radio roumaine et, ultérieurement, par d’autres stations, a été inclus dans la série. Vous avez interprété le Concerto pour trompette nº 1 de Vladimir Peskin, accompagnée par l’Orchestre philharmonique de la Radio allemande. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette œuvre et sur votre façon de l’aborder ?

Lorsque j’interprète une œuvre, il m’importe toujours de connaître le contexte, de savoir dans quelles circonstances le compositeur ou la compositrice a vécu. Car cela change tout. Dans quelles conditions ce morceau a-t-il été composé ? C’est quelque chose qui, à mon avis, doit se ressentir dans la musique. Aujourd’hui, les artistes doivent défendre cette idée de la musique. Il est très difficile d’expliquer la musique par des mots, il faut la donner à entendre.

Mais ce que je peux dire de cette musique, c’est qu’elle est très émouvante. Elle a été composée d’une manière encore très romantique, au sens du genre romantique, évidemment. Elle date du milieu du XXe siècle, mais le style de composition russe était alors ancré dans une époque bien antérieure. Ces émotions doivent transparaître à l’écoute. Le style de jeu de la trompette russe est aussi très différent des styles allemand ou autrichien. C’est donc intéressant de l’étudier. Il ne s’agit pas de le copier, mais de l’intégrer dans son interprétation.

Pour moi, il est important de prendre tous ces éléments en compte : l’histoire du compositeur ou de la compositrice, le style de jeu, etc. J’aime aussi écouter les interprétations précédentes. Par chance, nous avons tous les enregistrements de Timofeï Dokchitser, le trompettiste pour lequel cette œuvre a été initialement écrite. C’est idéal pour comprendre la musique russe et la façon dont elle était jouée à l’époque. J’ai souvent écouté ces enregistrements et j’essaye qu’ils imprègnent mon interprétation. C’est ainsi que j’ai appris et étudié cette œuvre. Ensuite, j’ai instillé mes propres idées musicales, et c’est tout cela que le public entendra. J’aime beaucoup jouer ce concerto parce qu’il a été écrit dans un style de composition profondément romantique. Et le public est toujours touché, même lorsqu’il ne connaît pas le compositeur. Je suis sûre qu’il appréciera d’écouter cette musique et qu’il se pénétrera de son esprit.

Offre de l’Échange de musique

Selina Ott a joué le Concerto pour trompette nº 1 de Vladimir Peskin avec l’Orchestre philharmonique de la Radio allemande, placé sous la direction de Patrick Hahn. Le concert a eu lieu le 11 novembre et a été diffusé en direct par la Saarländischer Rundfunk. Il est disponible dans le système MUS sous la référence EURO/2022-2023/TYP/003.

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