La grande soirée d’ouverture du théâtre de la Scala de Milan, également connue sous le nom de « Première de la Scala », a lieu traditionnellement le 7 décembre, jour de la Saint Ambroise, le saint patron de Milan. Cette année encore, l’Orchestre et le Chœur de la Scala seront dirigés par le maestro Riccardo Chailly. Ses premiers liens avec le légendaire opéra de Milan remontent à l’époque où il était l’assistant de Claudio Abbado dans les années 70. Riccardo Chailly a ensuite été nommé directeur musical du théâtre de la Scala en janvier 2017. À l’approche de la soirée d’ouverture 2022, Gaia Varon de la RAI a posé nos 3 questions au chef d’orchestre.

Q: En tant que natif de Milan, quelle est pour vous la signification de la soirée d’ouverture traditionnelle de la Scala, le 7 décembre ?

R : La fête de Sant’Ambrogio (Saint Ambroise) est un jour important, car le monde nous regarde à travers le prisme de la musique. Depuis 1951, le 7 décembre est l’un des jours cruciaux pour la ville de Milan en raison de la tradition de la Scala. Je suis très heureux que cette tradition se perpétue et elle sera encore amplifiée par la qualité de la production. Je veux dire, l’opéra proposé cette année et aussi les médias, qui nous aideront sans aucun doute à être vus et entendus partout dans le monde.

Lors de la soirée d’ouverture de la Scala, on aurait pu imaginer que vous présenteriez un opéra de Verdi, de Puccini ou de Rossini, qui sont tous trois fortement associés à l’histoire de ce théâtre lyrique. Mais cette année, c’est Boris Godounov de Moussorgski qui figure au programme. Pour quelle raison cette œuvre a-t-elle été choisie et quels sont, pour vous, les aspects les plus frappants de cet opéra ?

De toute évidence, après avoir joué Verdi et Puccini pendant plusieurs années, il était nécessaire d’envisager quelque chose de différent. En mettant en scène Boris Godounov après Macbeth de Verdi (Macbeth a été joué en ouverture l’an dernier), nous voulions souligner l’intéressant fil rouge entre les deux personnages, qui se compose notamment de nombre de leurs propres tragédies. Je suis très heureux de présenter de nouveau Boris Godounov pour la soirée d’ouverture, après que Claudio Abbado a eu l’énergie et le courage, en 1979, d’amener la version originale de la partition de Moussorgski pour la première fois à la Scala.

Outre la RAI, le radiodiffuseur italien, la soirée d’ouverture sera diffusée en direct dans plus de 12 autres pays. Quelle est pour vous l’importance des médias de service public pour la diffusion de l’opéra à un public plus large ?

Nous pouvons dire que depuis la mise en scène historique d’Othello par Franco Zeffirelli, chanté par Placido Domingo et dirigé par Carlos Kleiber, en 1977 [1976, note de l’éditeur], la RAI a toujours été avec nous ce jour-là. Je pense qu’il s’agit d’un partenariat important – et pas seulement pour ce que cela signifie pour l’Italie et la ville de Milan, qui possède de nombreuses connexions de diffusion en direct. Nous avons des plusieurs milliers d’auditeurs supplémentaires ce soir-là, grâce à cette connexion, notamment l’écran géant installé dans la Galleria [Vittorio Emanuele II], mais aussi partout dans le monde. Le 7 décembre, l’opéra sera diffusé et écouté partout dans le monde. Naturellement, nous sommes parfaitement conscients de l’exposition, de l’émotion considérable, mais également de la formidable passion nécessaire pour donner le meilleur de nous-mêmes et en même temps, de la joie de faire connaître nos identités en termes de performance musicale, la bravura [savoir-faire] de l’orchestre et des chœurs de la Scala et la capacité technique indispensable à une production telle que Boris Godounov dans une nouvelle Inszenierung (mise en scène) réalisée par Kasper Holten.

Cet entretien a été réalisé par Gaia Varon, de la RAI, au théâtre de la Scala, le 22 novembre 2022.

Offre d’échange musical

La RAI propose à tous les Membres Radio de l’UER de diffuser la soirée d’ouverture de la Scala. Elle sera disponible dans MUS sous la référence EURO/2022-2023/OI/005.