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Journalisme climatique : ce qui marche

12 octobre 2022
Journalisme climatique : ce qui marche

Conclusions préliminaires du rapport Climate Journalism That Works – Between Knowledge and Impact

Alexandra Borchardt

Chaque année, l’UER publie un rapport complet sur un sujet ou une question qui concerne les rédactions des médias de service public. Si la guerre en Ukraine et la pandémie ont occupé beaucoup d’espace et d’énergie ces derniers temps, aucun thème ne concerne mieux notre avenir que la crise climatique. Il s’agit notamment de savoir comment cette dernière est couverte par les journalistes et reçue par les opinions du monde entier et comment le journalisme peut favoriser le débat autour de la reconstruction de nos économies sur des bases plus durables.

Je suis l’autrice principale du rapport intitulé Climate Journalism That Works – Between Knowledge and Impact, qui sera publié dans son intégralité au printemps 2023. Katherine Dunn, de l’Oxford Climate Journalism Network, et Felix Simon, de l’Oxford Internet Institute, ont travaillé avec moi à sa rédaction. Ce rapport décrit les moyens de concevoir un journalisme sur le changement climatique qui soit efficace et trouve un écho auprès du public. Il contient des études de cas sur les bonnes pratiques, ainsi que des entretiens avec des leaders d’opinion et des influenceurs sur des méthodes qui ont fait leurs preuves.

Les principales conclusions préliminaires seront publiées lors de l’Assemblée Actualités de l’UER :

•    Les faits seuls ne suffisent pas. Un dossier plus volumineux n’est pas nécessairement plus convaincant.
•    Le messager est souvent plus important que le message. Tout est une question de crédibilité auprès du public.
•    Il est essentiel d’intégrer l’impact du climat dans tous les sujets traités par la rédaction, plutôt que de le réserver à la rubrique Climat. Tous les journalistes doivent posséder des connaissances fondamentales en ce qui concerne le climat.
•    Il n’existe pas de modèle universel pour l’organisation d’une rédaction, le choix des langues ou la création de la charte visuelle. Une adaptation est nécessaire en fonction des ressources, des valeurs et de la culture de l’organisme.
•    Les images ont une grande importance et les formats doivent répondre aux besoins de chaque public.
•    Les rédacteurs en chef rencontrent peu d’opposition lors de la mise en œuvre d’une stratégie climatique. S’ils ne font pas de ce sujet une priorité, le service Climat pourra se développer, mais les autres journalistes ne modifieront pas leurs pratiques.
•    Les médias rencontrent des difficultés à respecter leurs propres règles lorsqu’il s’agit de mesurer l’empreinte carbone ou de rendre leurs rédactions plus durables. Les déplacements professionnels représentent un problème important à cet égard.
•    Il existe une abondante documentation sur la façon de communiquer avec efficacité autour du défi climatique, notamment dans le domaine des études sur la communication. Les rédactions ne l’ont tout simplement pas encore consultée.

Les chercheurs en communication climatique ont fait plusieurs constats : un sujet est généralement plus convaincant s’il décrit une réalité proche et actuelle plutôt qu’un futur lointain, s’il s’inscrit dans un contexte local, s’il inspire l’action, s’il est constructif ou orienté vers des solutions, et s’il envisage un avenir durable au lieu d’évoquer la crise, les privations, les destructions, les sinistres et les désastres. Le catastrophisme peut attirer l’attention pendant quelque temps, mais il risque d’entraîner à la longue un évitement de l’information.

Nous avons également défini des indicateurs sur la façon dont le changement climatique et l’environnement sont perçus par les jeunes. Privilégier la question du développement durable peut aider les MSP à toucher cette frange du public et, par là même, à résoudre certains de ses problèmes.

Soulignons que ces thèmes intéressent précisément les jeunes collaborateurs –et attirent les talents. Il est également démontré qu’ils motivent les journalistes chevronnés et contribuent à promouvoir, de manière générale, la diversité. Ils donnent naissance à un journalisme plus large et plus constructif. Et ils mettent fin au règne des reportages politiques de type « il ou elle a dit », qui n’ont jamais été très utiles au public.

Le prochain rapport de l’unité Actualités aborde toutes ces questions et bien d’autres. Mais vous n’avez pas besoin d’attendre sa sortie pour lire nos conclusions, grâce à la publication en avant-première d’une sélection d’entretiens avec plusieurs responsables, journalistes spécialisés et experts dans le domaine du climat. Vous pouvez également lire l’article de Wolfgang Blau sur les défis et les opportunités pour les rédactions de service public (Wolfgang Blau’s take on some of the challenges – and opportunities – for public service newsrooms).

Le rapport Climate Journalism That Works – Between Knowledge and Impact, rédigé par Alexandra Borchardt, Katherine Dunn et Felix Simon, sera publié le 1er mars 2023.

 

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