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HISTOIRES

3 questions à la compositrice Hannah Kendall

09 août 2022
3 questions à la compositrice Hannah Kendall

À l’occasion de son 70e anniversaire, qu’elle a fêté en 2020, l'Union Européenne de Radio-Télévision a commandé un morceau pour orchestre afin de rappeler le rôle important des médias de service public dans la promotion des nouveaux talents européens. Composé par la Britannique Hannah Kendall, « Nexus » sera interprété par l'Orchestre des jeunes de l'Union européenne (EUYO) pour marquer le 250e anniversaire de la naissance de Beethoven. Reportée en raison de la pandémie, sa première mondiale - sous la baguette de Gianandrea Noseda - aura lieu le 16 août 2022 au Bolzano Festival Bozen et sera diffusée en direct par RAI Radio 3. Dans ce « 3 questions à… », Hannah Kendall nous parle de ses sources d’inspiration.

Q : « Nexus » commémore le 250e anniversaire de la naissance de Beethoven. Dans cette composition, vous mettez en parallèle sa « 5e Symphonie » et des événements politiques importants survenus à la même époque. Comment cela se traduit-il en musique ? Et pourquoi avoir intitule votre composition « Nexus » ?

R : Dans le morceau que j’ai composé pour l'Orchestre des jeunes de l'Union européenne, je cherche à refléter certains aspects de la « 5e Symphonie » dans des mouvements, tonalités et clés que Beethoven lui-même a utilisés. Je m'inspire également de certains aspects des chansons folkloriques africaines. J'ai été particulièrement frappée d’apprendre que 1808, année de création de la « 5e Symphonie », est aussi l'année où la loi interdisant l'importation d'esclaves aux États-Unis est entrée en vigueur. J’ai donc voulu me pencher sur cette époque et étudier ces liens, d'où le titre « Nexus ». Ce mot est synonyme de « série complexe de connexions entre différentes choses ». Et plutôt que de me concentrer uniquement sur l'Europe ou les États-Unis, je voulais faire en sorte que ces thèmes s'entrecroisent. Cette volonté s’explique probablement par mon propre héritage, qui est afro-caribéen, mais aussi très européen. Je voulais essayer de rassembler ces différents aspects dans ma composition.

Le morceau a été écrit pour l'Orchestre des jeunes de l'Union européenne, qui allie l'idée de promouvoir de jeunes talents à un sens partagé de l'héritage européen. Comment ces éléments ont-ils influencé votre travail dans « Nexus » ?

Je suis particulièrement intéressée par cette notion d'héritage partagé, et en l’espèce d'héritage européen partagé, parce que c'est certainement quelque chose qui compte pour moi en tant que musicienne, en tant qu'artiste. C’est aussi quelque chose qui a beaucoup compté dans le développement de ma propre approche et de mon style. Je suppose que ces aspects ont beaucoup influencé la composition de « Nexus » : j’ai choisi d’intégrer des chansons traditionnelles européennes, en particulier celles de Beethoven, et en les associant à des chansons traditionnelles d’autres régions, que l'on pourrait considérer comme des chansons « afro-diasporiques » non européennes. Mais ce qui est fascinant dans ces chansons folkloriques qui ont été chantées et composées pour la première fois dans les plantations aux États-Unis, c'est qu'elles ont été très influencées par la présence européenne, pour des raisons évidentes. C'est donc cette sorte de schéma cyclique que je souhaite approfondir et que j'ai essayé d'intégrer dans mon travail.

Cette œuvre a été commandée pour souligner l'importance des médias de service public dans la promotion de nouveaux talents européens. Que représentent les médias de service public, tant pour vous que pour la valorisation de votre travail ?

Pour moi, les médias de service public sont essentiels. Ils contribuent à faire connaître des concepts, des idées, la musique, l'art, de toutes sortes de choses. Mais avant tout ils servent à relier les gens.

Offre de l’Échange de musique

La première mondiale de « Nexus », de Hannah Kendall, par l'Orchestre des jeunes de l'Union européenne au Festival de Bolzano à Bozen, est disponible dans le système MUS sous la référence SM/2022/07/14/01. Le programme du concert comprend également la « Rhapsodie sur un thème de Paganini » de Rachmaninov et le « Sacre du Printemps » de Stravinsky.

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