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Entretien avec Robert Šveb, directeur général de la HRT

23 juin 2022
Entretien avec Robert Šveb, directeur général de la HRT

Alors que la HRT s’apprête à accueillir l’Assemblée générale de l’UER à Dubrovnik, Robert Šveb, son directeur général, s’entretient avec Radka Betcheva, notre responsable des relations avec les Membres pour l’Europe centrale et orientale

Quelles sont votre vision et vos ambitions pour la HRT, après huit mois à la direction de l’organisme ? Vous aviez déclaré souhaiter en faire le média le plus crédible de votre région d’Europe.

Je connais bien la HRT, certes, mais le point de vue n’est évidemment pas le même lorsque vous observez un organisme de l’extérieur et lorsque vous prenez la responsabilité de le diriger. Ces derniers mois, j’ai parlé à la quasi-totalité des employé.e.s et j’ai appris plus de choses jamais jusque-là. Je pense que notre plus grande valeur, en tant que média de service public, ce sont les personnes avec lesquelles nous travaillons. Il est vrai que la structure du personnel de la HRT est relativement ancienne et que notre plus grand chantier va être d’accueillir de nouveaux talents ; néanmoins, je suis convaincu que nous pouvons devenir le média le plus crédible de notre région, parce que nous avons un héritage et un savoir-faire, et nous sommes déterminés à mettre notre travail au service du public qui nous finance.

Comment amenez-vous le personnel de la HRT à soutenir votre vision ?

La première étape a été de monter mon équipe, avec le Conseil d’administration. La HRT est structurée en quatre directions : programmes, production, technologie et affaires institutionnelles. Je suis très satisfait du travail de mes collègues du Conseil d’administration, qui sont des professionnel.le.s et des communiquant.e.s aguerri.e.s. Je me réjouis également du fait que le Conseil compte trois femmes. J’encourage tout le monde à communiquer autant que possible avec l’ensemble du personnel, y compris les responsables intermédiaires.

Je pratique la politique de la porte ouverte et le mercredi est d’ailleurs réservé à des réunions avec les employé.e.s. Ces huit derniers mois, mes mercredis ont été constamment remplis et il m’a semblé que les gens saluaient cette nouvelle occasion de dialoguer directement avec le DG, parfois pour la première fois. Cela marche dans les deux sens, car c’est très précieux, pour moi, d’entendre différentes voix. La HRT est un organisme complexe qui compte environ 3 000 personnes réparties dans toute la Croatie et couvrant différentes compétences et différents environnements de travail. Nous exploitons quatre chaînes télévisées nationales, 12 chaînes radiophoniques et une série de services en ligne, et nous avons de nombreuses obligations, notamment celle de diffuser des manifestations religieuses et sportives et de travailler avec des sociétés de production indépendantes. Dans un organisme si complexe, la communication est essentielle pour rassembler tout le monde en une équipe. Le mouvement est déjà lancé et je suis sûr qu’il va s’accélérer. Notre objectif est de faire entrer 200 à 300 jeunes employé.e.s au cours des prochaines années. Cela va être transformateur.

Quels sont vos projets dans le domaine des actualités, où le public souhaite voir des changements ?

Pour le public, les actualités sont incontestablement au cœur de notre identité. À chaque fois que je m’exprime, que ce soit au Parlement, ou devant le Conseil des programmes, le Conseil de supervision ou la presse, on me demande ce que les programmes d’actualités vont devenir.

Nous avons déjà commencé à instaurer des changements. Nous avons par exemple évalué l’idée de transformer HRT4, notre chaîne télévisée spécialisée dans les actualités, en un service d’information en continu. Je pense que l’organisation de notre département actualités est obsolète et, avec les éditeur.rice.s et les producteur.rice.s, nous étudions une réorganisation qui tiendra compte des emplois du temps, des postes et des compétences requises pour pouvoir créer une chaîne d’information en continu axée sur les récits, et non sur les bulletins d’information. C’est un point que nous devons absolument changer. Et nous allons le faire — d’ici la fin de l’année, espérons-le.

Concernant les contenus, selon moi, nous sommes trop axés sur la Croatie et nous devons élargir les sujets pour couvrir ce qu’il se passe dans le monde, en Europe et dans notre région. Notre région est très importante pour nous et je souhaite l’ouvrir, d’autant que les publics de nos pays voisins continuent de beaucoup se tourner vers la HRT. Leurs médias nous citent souvent, peut-être même plus que les médias croates. 

Les gens comptent sur la HRT en temps de crise, ce qui confirme notre pertinence aux yeux de toutes et tous. Durant la pandémie de Covid-19, nous avons fortement contribué à informer le public sur la pandémie, mais aussi sur les deux tremblements de terre catastrophiques qui ont secoué la Croatie. Nous traversons à présent une nouvelle crise avec la guerre en Ukraine.

Lorsque les temps sont plus apaisés, notre pertinence n’est pas aussi évidente, c’est pourquoi nous devons changer. Nous devons commencer à débattre de réelles problématiques telles que la quatrième révolution industrielle, où et comment nos enfants travailleront-ils, la crise des réfugié.e.s et, bien sûr, la crise climatique, qui est sans doute le sujet le plus important de tous.

Les fausses informations et la désinformation sont également des problèmes de taille. Elles menacent les processus et les valeurs démocratiques qui façonnent les politiques publiques et à peu près tout le reste — la santé, la science, l’éducation, les finances. Je pense que notre plus grand objectif consiste à nous réaffirmer et à nous renforcer en tant que média responsable et digne de confiance. Nous avons aujourd’hui besoin des MSP plus que jamais par le passé.

Quel est votre point de vue sur l’indépendance de la HRT ?

L’indépendance soulève toujours des questions. La HRT est certainement indépendante du point de vue de la loi et de son cadre légal. Mais l’indépendance, ce n’est pas seulement une question politique. Beaucoup d’autres groupes d’intérêts aimeraient nous influencer car nous sommes le média et l’institution culturelle les plus grands et les plus importants de Croatie. Nous finançons des productions musicales et cinématographiques aussi bien que le secteur privé. Nous finançons toutes les entreprises de médias indépendantes par le biais de l’autorité de régulation, dont le budget provient de la HRT. Tous ces acteurs souhaitent influencer la HRT. Nous sommes financés par la redevance. Chaque ménage verse 80 kunas (environ 10,40 euros) par mois à la HRT. Sur cette somme, moins de 5 euros sont destinés à la production de contenus et aux salaires. Tout le reste est réinvesti dans l’industrie créative ou dans d’autres frais, ou sert à payer des taxes à l’État.

Comment garantissez-vous votre indépendance éditoriale ?

Je le fais conformément à la loi relative à la HRT, qui énonce clairement que c’est le Directeur général qui endosse l’entière responsabilité éditoriale. D’autres lois sur les médias énoncent que les rédacteur.rice.s en chef.fe sont responsables. Ma responsabilité, en tant que DG de la HRT, est de protéger notre indépendance éditoriale. Je soutiens pleinement mes journalistes et éditeur.rice.s et j’assumerai la responsabilité de leurs décisions.

Pour la HRT, quelles difficultés pose la couverture de la guerre en Ukraine ?

Nous couvrons très largement la guerre en Ukraine, du matin tôt jusqu’à tard le soir, et ce n’est pas sans difficulté. Nous avons au minimum deux équipes en Ukraine. Au début de la guerre, nous avions des équipes postées à Lviv et nous en avons envoyé d’autres en Pologne, en Slovaquie et en Moldavie pour pouvoir proposer des sujets depuis ces pays. Nous réalisons également des sujets sur les réfugié.e.s ukrainien.ne.s en Croatie. Nous voulons que les citoyen.ne.s croates puissent être au plus près des événements. Les Croates sont très sensibles à cette tragédie, parce que les plaies de notre propre guerre pour l’indépendance sont encore fraîches et nous savons à quel point c’est horrible. La population de notre pays a vraiment à cœur d’aider autant que possible.

Nous réalisons également des reportages centrés sur les gens, des histoires d’enfants ukrainien.ne.s arrivé.e.s en Croatie. Récemment, il y a eu un sujet émouvant sur des femmes ukrainiennes arrivées sur l’une de nos îles avec leurs enfants. Lorsque ceux-ci ont commencé à fréquenter l’école locale, ils ont eu des difficultés avec la langue les premiers jours, mais à la fin de la première semaine, ils parlaient et jouaient en croate ! Nos langues sont assez proches, ce sont des langues slaves, c’est pour cela qu’il est relativement facile pour un.e Ukrainien.ne d’apprendre le croate.

Vous êtes convaincu que la HRT devrait cesser d’utiliser des émetteurs terrestres en 2030. Où en est votre transformation numérique ?

J’anticipe qu’au cours des 10 à 15 prochaines années, nous constaterons la fin de la radiodiffusion traditionnelle au profit du streaming. Alors que nous arrivons aux prochaines générations de qualité d’image avec les technologies 4K et 8K, le DVB ne suffit plus. Je pense que dans la prochaine décennie, et nous nous en rapprochons, tout passera par l’IP d’une façon ou d’une autre, et par des réseaux 5G, 6G, 7G et 8G.

Cela signifie que nous devons concevoir une stratégie de production de contenus complètement différente et nous devons attirer des publics plus jeunes. La transformation numérique, ce n’est pas seulement la façon d’utiliser la technologie numérique ; c’est aussi une façon d’envisager les contenus et les fonctions du personnel et d’en tenir compte dans notre stratégie.

Il y a un autre aspect de la transformation numérique, qui est de définir des processus opérationnels plus efficaces. Franchement, à la HRT, il me semble parfois que les processus sont conçus sur un mode analogique, malgré des technologies numériques. C’est un défi pour nous d’adopter un état d’esprit davantage tourné vers le numérique et de mettre en œuvre des processus de travail qui vont dans ce sens.

Qu’en est-il de la culture d’entreprise ? Est-elle adaptée à un changement d’une telle ampleur ?

Selon mon expérience, le plus grand défi, pour toute organisation, réside dans le changement de culture. Aujourd’hui, la technologie peut faire beaucoup, mais la plus grande valeur, c’est d’être entouré d’un personnel créatif et curieux, ouvert à un apprentissage continu et à l’acquisition de nouvelles compétences. À la HRT, nos effectifs sont relativement âgés, comme je l’ai déjà dit, et l’acquisition de nouveaux talents est un point stratégique.

L’ancien organigramme génère un certain type de culture d’entreprise qui est guidé par la tradition. Nous sommes un organisme de média complexe qui, d’une certaine façon, s’oppose par nature au changement. Cependant, je suis sûr que tous ensemble, nous allons définir une culture plus apte à adopter de nouvelles compétences, plus ouverte à l’apprentissage continu et prête à s’adapter à des changements fréquents. Nous devons intégrer le fait que dans le monde actuel, ce que nous avons appris par le passé ne sera peut-être plus valable demain. Il faut désapprendre et réapprendre.

Comment allez-vous vous y prendre pour que les services numériques passent au premier plan, devant la radio et la télévision ?

Tout comme notre culture d’entreprise est traditionnellement centrée sur la radio et la télévision linéaires, l’ensemble du processus de planification est également structuré de façon linéaire. Nous avons également des obligations découlant de notre contrat de mission publique avec le gouvernement, dont nous devons nous acquitter en échange des financements que nous recevons du public.

Cela signifie que nous devons fournir un certain nombre de programmes, dont des fictions croates, de la musique croate et certains types de programmes pour nos quatre chaînes linéaires. Nous planifions notre production en conséquence.

Notre approche actuelle du numérique est que ce que nous produisons sur nos chaînes linéaires est publié sur des plateformes numériques. Nous ne produisons pas de façon spécifique et exclusive pour ces plateformes. Cette stratégie place de facto le numérique au second plan, puisque nous transmettons d’abord sur nos chaînes linéaires avant de publier sur nos plateformes OTT, comme c’est le cas pour les séries de fiction.

C’est en train de changer, puisque nous disposons de notre propre plateforme numérique et que nous allons commencer à mettre en œuvre une approche où le numérique sera prioritaire. Nous allons donc planifier des productions de fiction et une fois ces productions réalisées, nous publierons les épisodes d’abord sur notre plateforme OTT puis sur nos canaux linéaires. J’espère que nous instaurerons ce système à la fin de l’année.

Vous avez hérité d’un lourd dossier d’affaires judiciaires concernant des employé.e.s de la HRT et d’autres professionnel.le.s des médias. Selon la presse, l’entité nationale de la HRT a été désignée organisme européen recourant le plus souvent à des poursuites-bâillons contre ses propres journalistes. Ces problèmes sont-ils résolus et quelles sont vos perspectives à ce sujet ?

Ces problèmes sont globalement résolus. Au début de mon mandat, j’ai annulé toutes les poursuites-bâillons. Ce que disent les autres médias n’est pas tout à fait vrai, parce qu’à mon arrivée, il n’y avait que trois poursuites-bâillons à l’encontre de journalistes de la HRT. Je les ai annulées toutes les trois. Une est encore en cours avec l’ancien Président de l’Union croate des journalistes (HND), Hrvoje Zovko, mais cette affaire est plus compliquée, parce qu’elle recoupe différents dossiers, et je laisse le département des Affaires juridiques s’en occuper.

Il y a aussi d’autres procès au niveau des RH qui ont entamé l’image de la HRT. Comment rebâtissez-vous la confiance et l’image de la HRT ? Comment gérez-vous ces situations controversées qui sont antérieures à votre arrivée à la HRT ?

Il n’est jamais facile de restaurer votre réputation lorsque quelque chose tourne mal. Et en effet, nous avons eu des procès qui ont écorné l’image de la HRT, mais ce sont des cas exceptionnels, et non la norme. Un scandale éclate à la HRT, et cela donne l’impression que tout l’organisme et tout le personnel sont coupables, mais il n’en est rien. Ces cas sont isolés et ne concernent qu’une ou deux personnes. J’ai soutenu l’instauration de nouvelles lignes directrices réglementaires — que nous avons commencé à mettre en place — couvrant tous les types de harcèlement au travail et la façon de les gérer. Il n’y aura strictement aucune tolérance pour aucun type de harcèlement, et ces affaires ne devraient pas rester dans l’impunité. À ce sujet, nous sommes en relation avec l’office des droits humains du gouvernement. Notre droit du travail doit également être actualisé. Nous ne pouvons pas faire tout ce que nous souhaitons pour épargner nos employé.e.s au travail, mais nous faisons de notre mieux pour évoluer dans ce domaine.

La guerre en Ukraine est arrivée juste après la pandémie de Covid-19 et fait peser une importante pression sur nos économies et nos médias de service public. Comment aborder cette pression ?

Tous les prix ont augmenté, pas seulement en Croatie, mais partout au monde. L’augmentation du cours du pétrole et de l’énergie a fait exploser nos dépenses et nous devons effectuer une analyse financière des conséquences que cela implique. Notre facture d’électricité est plus de 100 % plus élevée que l’an dernier. Les coûts généraux d’électricité de la HRT sont énormes. Nous sommes aussi un organisme mobile, avec des équipes qui se déplacent partout en Croatie pour réaliser des reportages radio et télévisés, et qui sont donc confrontées à l’augmentation du prix de l’essence. La pression économique augmente et de grands défis nous attendent dans la période qui arrive. L’année prochaine va être difficile.

Nous devrons trouver des moyens de faire des économies. Je ne pense pas que nous réussirons à augmenter nos revenus. Malgré cela, le public attend de la HRT qu’elle fournisse des contenus de qualité, en particulier dans le domaine des sports. Les Croates sont fous de football. Nous avons toujours des discussions enflammées sur le montant à payer pour obtenir des droits sportifs, dont le prix a explosé. Heureusement, cette année, nous allons couvrir la Coupe du monde au Qatar et nous avons réussi à acquérir les droits des Championnats d’Europe 2024 et 2028. Il est difficile de trouver un juste milieu entre les ressources à disposition et les attentes du public.

Que devrions-nous faire, nous, l’UER, mais aussi les MSP en général ?

Notre marge de manœuvre restera assez étroite tant que les sports comporteront une valeur commerciale et que les acteurs des télécommunications et les géants des médias tireront des revenus commerciaux de la vente de contenus. Néanmoins, il y a toujours des moyens d’innover et de coopérer. Il n’est pas idéal, pour le sport lui-même, de rester cantonné à la télévision payante. La diffusion en clair est intéressante pour garantir une exposition maximale. Nous devrons en discuter entre nous et des réunions sont déjà prévues avec les membres régionaux à l’Assemblée générale de Dubrovnik pour étudier comment agir ensemble et adopter une approche régionale innovante, avec l’UER, concernant les droits sportifs.

En tant que directeur, comment abordez-vous la concurrence énorme qui existe dans les médias ?

Nous savons tous que le paysage médiatique a énormément changé. Au-delà de la fragmentation, sur le plan du volume de chaînes de radio et de télévision, la concurrence provient surtout des géants mondiaux de la tech, qui contrôlent les accès, et des géants mondiaux des contenus, comme Netflix, HBO, Disney+, qui sont tous disponibles en Croatie et absorbent nos publics.

L’industrie des télécommunications est désormais en concurrence avec trois acteurs supplémentaires : Internet, les téléphones mobiles et les plateformes vidéo. Il y a dans notre région une tendance visible, chez les télécoms, à investir dans la production de contenus. Cela va également détourner nos publics de nos services.

Mais l’hyperproduction n’est pas une garantie de qualité. Au contraire, il y a des productions sur tout, mais la qualité n’est pas au rendez-vous. C’est là que nous entrons en jeu. Nous pouvons nous distinguer par la qualité, qui passe par professionnalisme de nos journalistes, le recours à des sources d’information fiables, nos programmes éducatifs, etc. Le concept initial de la BBC — informer, éduquer et divertir — reste d’actualité et a encore de beaux jours devant lui, selon moi. Quoi que nous fassions, nous devons proposer une qualité supérieure, c’est seulement ainsi que nous pourrons poursuivre notre mission et rester pertinents aux yeux du public. Si nous nous contentons de lutter contre le secteur commercial, nous n’accomplirons pas notre mission.

La HRT accueille l’Assemblée générale de l’UER à Dubrovnik. En quoi cela aura-t-il un impact sur la HRT et sur la société ?

Mon équipe et moi sommes très heureux d’accueillir l’Assemblée générale de l’UER et nous sommes impatients d’accueillir tout le monde à Dubrovnik. La distanciation sociale a duré trop longtemps ! Nous nous réjouissons d’avance d’avoir une réunion de qualité et des débats productifs sur l’avenir des MSP, mais aussi de pouvoir travailler entre collègues dans la ville emblématique de Dubrovnik. L’équipe de la HRT s’est bien préparée pour cet important événement. Je suis certain que cela va être formidable et j’ai hâte de vous accueillir !

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Radka Betcheva

Responsable des relations avec les Membres - Europe centrale et orientale

betcheva@ebu.ch