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HISTOIRES

Trois questions à la mezzo-soprano Elīna Garanča

17 mai 2022
Trois questions à la mezzo-soprano Elīna Garanča

Elīna Garanča, mezzo-soprano mondialement célèbre, était soliste invitée au Concert européen donné le 1er mai de cette année par l’Orchestre philharmonique de Berlin au Great Amber Concert Hall de Liepāja, sous la direction de Kirill Petrenko. La cantatrice lettone a interprété les Folk Songs pour mezzo-soprano et orchestre de Luciano Berio, dans un programme où figuraient également des œuvres de Vasks, Silvestrov, Janáček et Sibelius. Nous lui avons posé trois questions.

Question : Le Concert européen devait initialement se tenir à Odessa, en Ukraine, mais il a été déplacé dans votre pays, en Lettonie, dans la ville de Liepāja. Sachant cela, qu’avez-vous ressenti lorsque vous êtes montée sur scène ?

Réponse : Tout d’abord, de la fierté ! La fierté de pouvoir monter sur scène librement, ouvrir la bouche, respirer et chanter. Des actions si simples mais qui, au même moment, sont impensables à quelques centaines de kilomètres d’ici. Des événements terribles tels que l’invasion et l’occupation de votre pays, on les pardonne rarement et on ne les oublie jamais. Je me sentais très fière et confiante, parce qu’ensemble, nous avons déjà combattu ce fléau, et nous pouvons recommencer. Ensuite, j’ai ressenti l’urgence. Il y avait cette urgence en moi de transmettre le message que l’indépendance et la liberté ne peuvent plus être considérées comme un privilège pour lequel il faut prendre les armes et renoncer à la vie. Pas aujourd’hui, pas en Europe. Les vraies valeurs, celles qui sont réelles, il est impossible de les éliminer, de les bombarder ou de faire semblant qu’elles n’existent pas… Elles pousseront toujours comme de l’herbe fraîche parmi les ruines.

Selon vous, quel pouvoir la musique peut-elle avoir dans le contexte politique difficile que traversent l’Europe et le monde aujourd’hui ?

Je ne dirais pas que la musique peut avoir une influence politique directe dans ce contexte ou dans tout autre contexte. Mais la musique peut avoir un effet direct sur les gens. Elle peut motiver, stimuler, inviter à danser, à se battre ; elle peut faire naître la passion ou aider à surmonter le chagrin. On ne peut pas vraiment utiliser la musique comme un moyen direct de parvenir à un résultat, mais elle a un pouvoir fédérateur unique. Et cette année en particulier, le Concert européen illustre puissamment notre capacité à célébrer et à appeler de nos vœux la fraternité, dont nous avons tant besoin.

Le 6 juin, vous interpréterez le rôle de Dalila dans le Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns à l’Opéra royal de Londres. Comment vous préparez-vous à ce rôle et à cet opéra plus globalement ?

En ce moment, nous sommes encore en train d’étudier la « géographie » générale, pour ainsi dire, de cette œuvre. Nous explorons ensemble différentes visions et possibilités pour la scène et les costumes, nous nous adaptons à ce cadre et creusons plus en profondeur chaque personnage, sa façon de penser et les raisons émotionnelles qui motivent ses actions. Dalila est vraiment un personnage compliqué, du point de vue émotionnel. À certains moments, je suis convaincue qu’elle aime vraiment Samson, tandis qu’à d’autres, cet amour passe complètement au second plan. Je suppose que tout le monde peut reconnaître dans une certaine mesure cet ascenseur émotionnel et, en fin de compte, le chaos qui devient la norme. Pour l’instant, je me sens plutôt détendue car j’ai déjà interprété ce rôle dans plusieurs productions, ce qui me donne une marge de manœuvre très appréciable pour approfondir et affiner mon interprétation de Dalila.

Offre de l’Échange de musique

Le Concert européen, offert par la RBB, est disponible dans le système MUS sous la référence SM/2021/07/18/12.
L’opéra Samson and Dalila, offert par la BBC, est disponible dans le système MUS sous la référence EURO/2021-2022/OL/008.

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