Alors que la BBC s’apprête à fêter ses 100 ans, son directeur général Tim Davie, qui est aussi membre du Conseil exécutif de l'UER, envisage l'avenir de la radiodiffusion britannique. Ce billet de blog a été publié pour la première fois par le Sunday Times le 2 janvier.

Ce week-end marque le début du centenaire de la BBC et, avec lui, une année de programmes spéciaux sur l’ensemble de nos chaînes et plateformes, à travers lesquels nous célébrerons cent ans au cœur de la vie nationale britannique, mais aussi de l'un de nos secteurs les plus précieux : nos merveilleuses industries créatives.

Au Royaume-Uni, le secteur créatif est en effet synonyme de réussite exceptionnelle. C’est aussi le mariage réussi d'interventions publiques avisées, de sociétés commerciales dynamiques et d'individus inspirés. Ce n'est pas une coïncidence si le Royaume-Uni est admiré dans le monde entier pour sa créativité, sa pratique journalistique et son art du storytelling.  

De petite entreprise à grande société

Dans cette longue histoire, la BBC joue un rôle essentiel depuis les premières transmissions radiophoniques réalisées à Marconi House, fin 1922. À l'époque, elle était connue sous l’appellation « British Broadcasting Company » et faisait déjà œuvre de pionnière dans la nouvelle ère technologique qui s’ouvrait. Très vite, les inspirateurs de l'époque, dont Lord Reith, ont compris que ce nouvel outil devait être exploité dans l'intérêt du public.

Ils ont cependant décidé de conserver un certain nombre d’idéaux fondamentaux sur ce nouveau marché : l’information doit être digne de confiance ; il faut tenir compte des intérêts du public ; les programmes ne doivent pas seulement divertir le public, mais aussi embellir sa vie. L'avantage concurrentiel de la Grande-Bretagne en matière de radiodiffusion devait profiter à tout le pays. Lord Reith était convaincu de la nécessité, pour la BBC, de devenir la référence absolue et le leader mondial en matière de création de programmes de qualité.

C’est ainsi que la BBC s’est progressivement transformée en grande société, avec pour mission d'informer, d'éduquer et de divertir. Au fil des décennies, personne n'a fait mieux que ce triptyque incontournable.

Une histoire d'innovation, de créativité et de résilience

Depuis lors, la BBC est à elle seule un concentré d'innovation, de créativité et de résilience. Elle a survécu aux crises, aux conflits et aux changements technologiques. Elle fait régulièrement l’objet de critiques, sa suppression pure et simple a même déjà été évoquée et pourtant elle est aussi vivement appréciée. Plus que tout, sa survie est due aux personnes extraordinaires qui, en son sein, ont à cœur de tout faire pour préserver le pouvoir de la vérité et du storytelling.

En tant qu’organisme au service exclusif du public, nous avons pu prendre le risque d’innover - de la naissance de la télévision et de la radio aux premiers pas dans le monde numérique avec Ceefax et BBC Micro, sans oublier des avancées majeures comme notre iPlayer , qui a montré la voie à de nombreux autres radiodiffuseurs et créé un tout nouveau marché pour la vidéo à la demande.

Aujourd'hui, alors que la BBC fête ses 100 ans, l’industrie créative britannique continue à faire partie des plus dynamiques et des plus prospères au monde. Avant la crise du Covid, ce secteur connaissait une croissance quatre fois supérieure à celle de l'économie britannique dans son ensemble, dans toutes les régions du pays. Il employait plus de 2 millions de personnes et générait une VAB annuelle de 116 milliards de livres sterling.

Pour replacer les choses dans leur contexte, c'est plus que les secteurs de l'automobile, de l'aérospatiale, des sciences du vivant, du pétrole et du gaz réunis. Dans le domaine de la télévision, en particulier, nos performances sont exceptionnelles : ainsi donc, même en période de pandémie les exportations de contenus TV britanniques ont rapporté 1,48 milliard de livres sterling en 2020, soit une hausse de 6 % par rapport à l'année précédente.

Si nous pouvons continuer à investir massivement dans les contenus britanniques, c’est grâce à la publicité, aux abonnements et à l’argent public. Un modèle de financement qui a permis aux talents de s’épanouir. Une radiodiffusion de service public dynamique et un secteur commercial compétitif s’apportent mutuellement des avantages importants et contribuent à entretenir le cercle vertueux de la créativité britannique. C’est grâce à cela que la BBC est aujourd’hui l'un des joyaux de la couronne économique du Royaume-Uni. La radiodiffusion de service public est un secteur dans lequel nous devons continuer à investir et pour lequel nous devons nous battre.

Regarder vers l'avenir

Nous ne devons bien évidemment pas nous reposer sur nos lauriers. L'ère de l'internet n’ouvre pas seulement d'immenses perspectives, elle est aussi synonyme de concurrence mondiale accrue, de fragilisation du débat démocratique et de menaces sur l’information objective.

Aujourd'hui, alors que nous nous efforçons de suivre la voie tracée par Lord Reith, nous devons mettre l’accent sur l'innovation et sur la réforme de la BBC afin de veiller à ce qu’elle continue, dans ce nouveau monde, à procurer d’importants bienfaits à tous ses publics. En d’autres termes, nous devons redoubler d'efforts dans les domaines où nous nous faisons la différence : le storytelling caractéristique du Royaume-Uni, la pratique d’un journalisme impartial, des domaines tels que l'éducation, l’information locale, ou encore la recherche et le développement. L’ère numérique ne fait que renforcer l’importance cruciale de ces différents éléments.

Nous devons toutefois aussi nous réinventer pour continuer à créer du commun. Nous devons concevoir des services numériques attrayants, attirer les plus grands talents de tous horizons, identifier les domaines dans lesquels la BBC apporte une valeur ajoutée et écouter toutes celles et tous ceux qui s’acquittent de la redevance. Notre mission consiste avant tout à répondre à leurs attentes, à travailler sans relâche pour que chaque foyer soumis à la redevance « en ait pour son argent ».

Une puissance créative de premier plan

C'est pourquoi l'année de notre centenaire ne sera pas placée sous le signe du passé, mais se concentrera sur l'avenir. Certes, nous rendrons hommage à la place que la BBC occupe dans nos vies mais surtout, nous mettrons en lumière la formidable puissance créative du Royaume-Uni dans le monde.

L’année qui s’annonce promet d’être exceptionnelle, à l’instar des programmes spéciaux que nous diffuserons à la télévision et à la radio, comme le jubilé de platine de la Reine, les Jeux du Commonwealth, ou encore l’extraordinaire série Green Planet, de David Attenborough. Nos fictions seront également à l’honneur, notamment avec The Tourist et Four Lives. Notre grille associera programmes nouveaux et rediffusions avec The Responder, Conversations with Friends, Then Barbara Met Alan ou encore Peaky Blinders. Et bien évidemment, des programmes spécialement conçus pour ce centenaire seront également diffusés jusqu’à la fin de l'année.

Par ailleurs, la BBC est déterminée à renforcer sa présence en région, en dehors de Londres. Nous comptons par exemple nous rendre dans de nombreuses écoles, partout dans le pays, pour échanger avec les élèves et les encourager à réaliser leurs rêves. Nous entendons ainsi mieux comprendre notre public et nous assurer d’offrir à chacun.e des bienfaits incomparables. Mais il s'agit surtout pour la BBC de jouer pleinement son rôle en soutenant la croissance créative dans toutes les régions britanniques et en créant des opportunités pour chacun.e, quel que soit son parcours.

Nous avons traversé une période difficile, mais j'espère que 2022 sera une année charnière pour la BBC et les industries créatives britanniques. Je suis fier de diriger la BBC et j'espère que vous appréciez ses programmes.