Ce billet de blog a été publié pour la première fois en tant qu'éditorial dans le 50e numéro de notre magazine tech-i.

Pour assurer le développement futur des médias de service public et empêcher les sociétés de médias de dimensions mondiales d’utiliser leur pouvoir de marché pour attirer les personnes les plus compétentes, nous devons plus que jamais investir dans notre avenir. Car si nous voulons continuer à faire œuvre de pionniers, nous devons trouver le moyen de susciter l’intérêt des meilleurs talents.

Nous devons redoubler d'efforts pour créer de la croissance. La position défensive, généralement adoptée dans les périodes difficiles, ne saurait être le moteur de nos efforts. Ce n'est qu'en offrant une perspective de croissance aux jeunes générations que nous pourrons gagner leur confiance et, à terme, faire fond sur leur enthousiasme et leur dynamisme pour bâtir un futur stimulant et durable.

Une nouvelle génération

Nous sommes aujourd'hui engagés dans une véritable « guerre des talents » ; si nous voulons gagner cette guerre, nous devons nous armer de patience et de courage pour former une nouvelle génération de jeunes scientifiques, ingénieurs, technologues et créateurs dans le domaine des médias. Ces « natifs du numérique » se veulent en effet polyvalents et leur socle commun de connaissances dans les sciences humaines se traduit par une compréhension inhérente de l'importance de la confiance, de la rigueur et de l'excellence, de l'ouverture d'esprit et de la curiosité, ainsi que de la capacité à mener une analyse approfondie.

Pour construire notre avenir et nous assurer un afflux de « sang neuf », nous avons désormais besoin de nouveaux talents, ainsi que d'idées et d'initiatives à la pointe du progrès. Une première étape serait certainement de développer la collaboration entre les Membres de l'UER, l’équipe T&I et de grandes universités européennes intéressées par l'innovation dans les médias et les activités pédagogiques qui s’y rapportent, ainsi que d'autres institutions privées désireuses de prendre part à une telle initiative.

Plus concrètement, l'idée est d'encourager activement la création de nouveaux programmes d'études sur l'innovation médiatique, qu'il s'agisse de cours de troisième cycle ou de formation professionnelle. Outre une formation technique de pointe, ces cours auraient vocation à stimuler la créativité des jeunes générations et mettraient l'accent sur l'éducation aux médias, afin de développer des compétences fondamentales en matière de production et de gestion des contenus médiatiques. Alors que nous évoluons dans un univers toujours plus immersif (avec notamment la perspective de participer à un « métavers virtualisé »), le public doit acquérir les connaissances pouvant lui permettre de mieux maîtriser les médias qu'il utilise, sans se laisser dominer par eux.

Compétences humaines

L'idée d’associer esprit créatif et compétences technologiques ne signifie pas nécessairement que chacun doit briller aussi bien dans la création que dans la technologie. Il s'agit plutôt de promouvoir un dialogue positif sur l'ensemble des compétences humaines. Si j’affirme cela, c’est en tant qu'ingénieur doté d'un esprit créatif : j’ai étudié le piano pendant de nombreuses années sans pour autant m'orienter vers une carrière de pianiste professionnel. Cette démarche créative me procure un plaisir et une perspective supplémentaires quand j’écoute un morceau de musique, et me permet par ailleurs d’échanger plus facilement avec mes collègues du monde créatif.

Il est devenu plus important que jamais de former non seulement les étudiants, mais plus globalement les citoyens, et de leur donner les moyens d'utiliser les outils sur lesquels reposent nos nouvelles méthodes de travail. La crise du Covid a d’ailleurs renforcé cette nécessité, à l’instar de celle d'interagir dans un monde des médias en mutation rapide. Cet impératif influencera fortement la manière dont seront structurés les services chargés de la recherche et développement et de l’innovation au sein des organismes de médias. Nous devons donc prendre l’initiative d’élaborer des stratégies et des technologies qui permettront à nos efforts de porter leurs fruits.

Cette nouvelle capacité à attirer, toucher, communiquer et débattre représente une nouvelle opportunité de croissance pour la société car elle limitera la désinformation, renforcera les efforts pédagogiques déjà déployés et permettra au plus grand nombre de s’exprimer. Nous devons dès maintenant prendre des mesures pour faire en sorte que les jeunes générations contribuent non seulement à définir leur propre avenir, mais participent aussi activement à l'évolution démocratique de la société.

Au final, il s'agit là d'un défi joyeux et vivifiant : puiser dans l'énergie des nouvelles générations pour rajeunir notre monde et réinventer notre avenir !

P.S. J'espère que vous apprécierez ce 50e numéro de tech-i. Depuis 2009, ce magazine a reflété les changements profonds qui ont bouleversé notre secteur (voir les pages 10 à 11). Je suis donc impatient de voir ce que nous allons réaliser ensemble au cours des dix prochaines années, au fur et à mesure que s’opère notre « mue numérique » !