Pour marquer les 20 ans de la participation de l’UER au Festival Eurosonic, Ian Wilson, ancien collaborateur de la RTÉ, revient sur les évolutions qu’a connues cette manifestation, ainsi que sur les efforts consentis par les Membres pour se rallier résolument au numérique et offrir les meilleures nouveautés musicales au jeune public.

Les prémices...

Je me suis rendu dans le district d’Amager, à Copenhague, dans un café agréablement éclairé et fonctionnel. Nous étions alors au mois de mars, et Jan Sneum, de la Radio danoise, m’a demandé de venir rencontrer Peter Smith et l’équipe de Noorderslag. Ils avaient eu une idée à la fois simple et radicale.

Je devrais peut-être commencer par rappeler le contexte avant d’aborder cette fameuse idée plus en détail. Si je me trouvais à Copenhague, c’est en tant que président et responsable de projet du Comité Radio pour la jeunesse. Nous savions alors déjà, depuis fort longtemps, que pour être crédibles sur la scène musicale européenne, nous devions être à la pointe en matière de concerts et de nouveautés. Nous avions tenté de lancer Eurorock, notre propre festival, dans différentes villes. Mais la greffe n’a pas pris, bien que nous ayons programmé des groupes de premier plan comme les Cardigans, Blur, Frank et Walters, et Wet. Jan Sneum, l’un des piliers de notre groupe, a cependant tenté de donner un second souffle à ce projet avec Eurospotting, de 1996 à1998.

Des idées lumineuses

C’est donc pour cette raison que nous nous trouvions à Copenhague. Peter Smith a alors suggéré que nous nous associons à Euroslag, un petit festival européen organisé chaque année à Groningue, aux Pays-Bas. Peter était en effet convaincu qu’associés à leurs infrastructures, notre présence étendue en Europe et notre savoir-faire en matière d’enregistrement feraient mouche. Le concept était le suivant : des radiodiffuseurs européens de service public inviteraient des étoiles montantes de la scène musicale de différents pays, auxquels ils apporteraient en outre leur soutien, et mettraient à disposition du matériel d’enregistrement et des moyens humains dans une ville de taille moyenne au nord des Pays-Bas, portant de surcroît un nom quasi-impossible à prononcer. Après tout, seuls 5 pays avaient participé aux précédentes éditions d’Euroslag.

Notre groupe, composé d’une douzaine de représentants de radios européennes, s’est réuni le lendemain et contre toute attente, il a fait bon accueil à ce projet. Seul le nom de cette manifestation posait encore problème... Puis quelqu’un, peut-être Ruud ou Peter, a eu cette idée de génie : pourquoi ne pas baptiser cette nouvelle manifestation Eurosonic  ?

C’est ainsi qu’en 1999, le Festival Eurosonic a vu le jour à Groningue : 11 pays ont présenté des groupes, et 5 ou 6 radiodiffuseurs se sont occupés des enregistrements à des fins de distribution. Ce vendredi-là, environ 35 groupes se sont produits sur la scène du festival. Ils sont aujourd’hui 10 fois plus nombreux et viennent d’une soixantaine de pays. Près de 10 % de leurs prestations sont diffusées par une trentaine de radios Membres de l’UER et des centaines d’heures de contenus audio et vidéo sont retransmises en direct dans toute l’Europe.

Nouveaux sons, nouveaux artistes

Alors que nous fêtons en 2019 les 20 ans d’Eurosonic, le moment est idéal pour rappeler l’importance que revêt ce festival pour l’industrie de la musique. C’est en effet grâce à de telles manifestations que les auditeurs peuvent découvrir de nouveaux sons et de nouveaux artistes. Et ce sont des événements comme Eurosonic qui permettent aux MSP de continuer à faire œuvre de pionniers sur la scène musicale.

Certes, les modes de « consommation » des contenus musicaux ont radicalement changé, mais cela ne nous a pas empêchés de mener à bien notre mission consistant à mettre en lumière de nouveaux groupes et à proposer un son précurseur. Les Membres de l’UER se sont adaptés à l’essor du numérique en diffusant le festival en direct sur Facebook et ils ont fait de l’intégration des réseaux sociaux une priorité. Autant d’évolutions que certains auraient considérées comme des défis, mais que nous avons perçues comme des opportunités.