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L'UER et ses partenaires définissent des indicateurs sur la fiabilité des sources d'information

04 février 2019
L'UER et ses partenaires définissent des indicateurs sur la fiabilité des sources d'information

La Journalism Trust Initiative (JTI, initiative relative à la confiance dans le journalisme), dont le lancement et la coordination relèvent de Reporters sans frontières (RSF) et de ses partenaires (l’UER, l’Agence France Presse (AFP) et le Global Editors Network (GEN)), entre cette semaine dans une phase décisive. C’est en effet le mardi 5 février que se tiendra le deuxième des quatre ateliers organisés par le Comité européen de normalisation (CEN) au siège de l’UNESCO, à Paris, dans le cadre de cette initiative.

L’initiative JTI entend distinguer les organes de presse qui fournissent des garanties en ce qui concerne les méthodes de vérification et de correction qu’ils appliquent, ainsi que leur indépendance éditoriale et leur respect des normes éthiques et de la transparence.

Après la réunion du 5 février, les partenaires de l’initiative (soit au total près de 120 représentants d’organes de presse, d’autorités de réglementation, de sociétés technologiques, de centres universitaires et d’organisations internationales) examineront une première série d’indicateurs relatifs à la pratique d’un journalisme digne de confiance.

Trois comités de rédaction et un groupe de travail technique consultatif se sont rassemblés pour des réunions préparatoires, le lundi 4 février.

L’importance d’un cadre de normalisation

Noel Curran, Directeur général de l’UER déclare : « On voit actuellement émerger de très nombreux systèmes de classement et de notation pour les médias, aussi s’avère-t-il plus que jamais essentiel de concevoir une méthode de classification reconnue universellement, qui pourra se prévaloir de l’appui d’acteurs majeurs de la sphère médiatique, au premier rang desquels les médias de service public et leurs alliés commerciaux. Cette méthode devra être éprouvée, mais aussi évolutive et crédible aux yeux des plateformes en ligne et du public. C’est pour cette raison que nous sommes en faveur d’un processus de normalisation conforme aux lignes directrices du CEN. »

De l’avis de M. Curran, les normes définies dans ce cadre pourraient inciter un grand nombre d’acteurs commerciaux à but non lucratif à concevoir des systèmes de vérification et de mise en œuvre. Certains d’entre eux, à l’instar de NewsGuard ou du Global Disinformation Index, ont ainsi décidé récemment de prendre part à l’initiative JTI afin d’étudier les opportunités de synergies de manière plus approfondie.

Noel Curran ajoute :« Nous avons une occasion unique de faire œuvre de pionniers et de fournir des informations fiables au public, en permettant de surcroît à ce dernier d’y accéder plus facilement. À une époque marquée par l’essor de la désinformation et des fausses nouvelles, il s’agit de l’une des missions fondamentales des Membres de l’UER. »

Le chaînon manquant

« Définir des principes journalistiques fondamentaux n’est pas si compliqué : de nombreux codes d’éthique existeront tant que le journalisme existera », avance Christophe Deloire, Secrétaire général de RSF.

Selon M. Deloire, la distribution algorithmique des contenus en ligne pose en revanche un problème important, car non seulement elle ne tient compte d’aucun « facteur d’intégrité », mais elle amplifie même certains phénomènes (sensationnalisme, rumeurs, mensonges ou encore messages haineux) qui vont à l’encontre des normes professionnelles.

Il faudrait donc appliquer, dans un « code de l’Internet », les bonnes pratiques en vigueur dans le journalisme. Christophe Deloire précise à ce propos : « L’initiative JTI entend être le chaînon manquant entre, d’une part, les principes et méthodes journalistiques et, d’autre part, les algorithmes ».

Trois comités de rédaction ont été mis sur pied dans le cadre du projet, lequel s’attache actuellement à définir des critères lisibles par les ordinateurs dans tous les organe de presse, qu’ils soient grands ou petits, particulièrement en ce qui concerne l’identité et la propriété des contenus, ainsi que les méthodes et l’éthique journalistiques.

Les journalistes en première ligne

Bertrand Pecquerie, Directeur général du GEN, déclare : « Nous sommes conscients que les indicateurs que nous nous employons à définir sont très attendus par les grandes plateformes et les annonceurs, mais aussi par les autorités de réglementation et le secteur médiatique lui-même ».

Pour M. Pecquerie, le processus d’élaboration de ces indicateurs doit être entièrement autorégulé. Il précise : « Nous ne souhaitons pas voir les pouvoirs publics, les autorités de réglementation, les annonceurs ou les grandes sociétés technologiques nous dire en quoi consiste un bon ou mauvais travail journalistique. Nous devons donc être en première ligne sur cette problématique ! »

Les comités de rédaction constitués dans le cadre de l’initiative JTI réunissent donc uniquement des professionnels du journalisme, représentant des acteurs majeurs  tels que l’AFP, la BBC, TV 5 Monde et France Télévisions, les groupes RTL et Tamedia, les journaux Gazeta Wyborcza et Tagesspiegel, ainsi que des associations professionnelles ou des ONG comme l’UER ou l’Ethical Journalism Network (EJN).

Parmi les autres partenaires (dont les représentants ne siègent cependant pas au sein de ces comités de rédaction), citons Facebook et Google, Internews, l’Institut international de la presse (IPI), la Fondation Thomson, le World Wide Web Consortium, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), les organisations IMPRESS et IPSO (Grande-Bretagne), ou encore le délégué du gouvernement allemand à la Culture et aux Médias.

Une réponse adaptée

« Il est indispensable que nous sachions répondre de manière satisfaisante à la méfiance du public envers les médias, en offrant aux citoyens des repères et des marqueurs visibles sur le web qui leur permettront d’identifier facilement les contenus dignes de confiance », déclare Phil Chetwynd, Directeur des actualités mondiales à l’AFP, avant d’ajouter : « Pour l’AFP, il est primordial que ces outils puissent être mis en œuvre au quotidien et que l’initiative JTI propose une solution qui réponde avant tout aux intérêts des citoyens ». M. Chetwynd juge également essentielle la phase de consultation publique, s’agissant d’élaborer une norme conforme aux lignes directrices de CEN, mais aussi de tester et d’évaluer les résultats finaux : « Toutes les normes sont réexaminées à intervalles réguliers, tout particulièrement dans les secteurs en constante et rapide mutation, et la norme sur laquelle nous travaillons ne devrait pas faire exception à la règle. »

La promotion d’un environnement propice

Moez Chakchouk, Sous-Directeur général pour la Communication et l'Information à l’UNESCO, a réaffirmé l’engagement de son organisation en faveur du journalisme de qualité, partout dans le monde. M. Chakchouk déclare, en ce qui le deuxième atelier de l’initiative JTI organisé au siège de l’UNESCO : « Nous soutenons la durabilité d’un journalisme indépendant en instaurant un environnement propice à la liberté de la presse et, tout particulièrement, en favorisant la transparence et le respect des normes professionnelles. »

Dans le sillage de cette réunion, prévue à Paris les 4 et 5 février, deux autres ateliers (dont une phase de consultation publique) sont d’ores et déjà planifiés. Les résultats de l’initiative JTI seront publiés à la fin de l’année sous la forme d’un « Accord d’atelier CEN », sous l’égide de l'AFNOR (Association française de normalisation) et de son équivalent allemand (le DIN).

Le financement de l’initiative JTI est assuré par RSF, l’UER et l’AFP, ainsi que par une subvention du ministère français de la Culture (Fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation dans la presse).

Les partenaires de l'initiative JTI

Reporters sans frontières (RSF) est une organisation non-gouvernementale internationale reconnue d’utilité publique en France, qui a vocation à défendre la liberté de la presse. Installée à Paris, elle possède des sections étrangères, des bureaux dans 13 villes et un réseau de correspondants dans 130 pays.                              

Créée en 1835, l’Agence France-Presse (AFP) est la 3e plus grande agence d’actualités internationales au monde. Elle réalise une couverture rapide, précise et approfondie des événements qui façonnent notre monde. Entité autonome créée par le Parlement français, son indépendance est au cœur de ses obligations fondamentales.

Le Global Editors Network (GEN) est une association internationale de rédacteurs en chef, qui rassemble des experts de l’information et de hauts responsables du secteur des médias, travaillant sur toutes les plateformes. Dans le cadre de différents  programmes et du GEN Summit, sa conférence annuelle, le réseau concentre ses efforts sur l’innovation dans les rédactions, les nouvelles méthodes de « storytelling », ou encore le journalisme durable.

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Contact


Dave Goodman

Attaché de communication – Concours Eurovision de la Chanson et Événements en direct

goodman@ebu.ch