La 3^ème édition annuelle de la Journée Radio nouvelle s’est terminée sur une analyse détaillée de la façon dont les Membres peuvent élaborer des services de « radio personnalisée » en s’inspirant notamment d’exemples venus des États-Unis, de Suède et d’Allemagne.  

Tejas Mistry, le Responsable du projet, a présenté NPR One, la nouvelle application de NPR (National Public Radio), Membre associé de l’UER aux États-Unis. L’application, dont le lancement date de 2013, récupère des informations auprès de 935 stations affiliées de façon à reproduire un véritable programme radiophonique. 

« L’idée est que l’auditeur appuie sur la touche Play, qu’il range son appareil dans sa poche, et qu’il nous laisse ensuite le guider » a indiqué M. Mistry.   « Six podcasts de NPR figurent parmi le Top 10 des podcasts sur iTunes. Nous souhaitons attirer ces auditeurs afin de pouvoir leur offrir des recommandations plus ciblées en nous fondant sur les données récoltées en fonction de leurs choix. Si les auditeurs n’aiment pas ce qu’ils écoutent, libre à eux d’ignorer le contenu, qui sera alors automatiquement remplacé. L’application apprendra ainsi progressivement à connaître leurs préférences personnelles. »

L’application RadioPlay de la Radio suédoise offre elle aussi un service qui rappelle une émission de radio en direct. « Nous savons que les auditeurs apprécient la radio linéaire quand qu’elle est bien organisée et bien présentée », a indiqué Simon Gooch, le Responsable des médias numériques du Bauer Media Group, propriétaire de l’application, avant d’ajouter : « Nous avons pu constater que la meilleure chose était d’utiliser l’historique des utilisateurs afin de leur proposer un contenu qui leur convient. Nos quatre principes fondamentaux sont les suivants : l’utilisateur éprouve un besoin constant de changement lorsqu’il écoute la radio sur différents dispositifs, l’interface doit être facile à comprendre, l’utilisateur doit pouvoir sauvegarder les morceaux qu’il découvre et, pour finir, l’utilisateur s’attend à vivre une expérience véritablement personnalisée. »

La Journée Radio nouvelle a aussi donné l’occasion à Andrew Scott, de la BBC, de présenter les priorités du radiodiffuseur britannique pour  l’élaboration de nouveaux services. M. Scott a notamment précisé : « Les choix proposés aux auditeurs doivent avoir autant de sens pour eux que pour nous ».

Andrew Scott a ajouté : « Nous possédons, au sein de la BBC, une multitude de fonctions de personnalisation, ce qui nous permet d’acquérir une connaissance approfondie des choix de nos auditeurs. L’accès à la technologie n’est pas un problème en soi ; c’est le fait de l’associer à une quantité énorme de contenus en provenance de nos 58 stations qui constitue le principal défi à relever. Il s’agit donc de trouver le juste équilibre entre l’éditorial et l’algorithmique, ce qui s’avère souvent être une gageure. »

Le Département Technologie & Innovation peut aider les Membres de l’UER à tirer pleinement parti des nouvelles technologies, telles que RadioDNS et la radio hybride, qui combine radio linéaire et radio non-linéaire. Mathias Coinchon, Responsable de projet principal, estime que  la principale question qui se pose dans ce contexte est de savoir comment déployer et standardiser les nouvelles technologies pour tous les dispositifs comme DIY.fm.

La Journée Radio nouvelle 2015 s’est terminée par deux ateliers. Le premier s’est concentré sur les menaces que les plateformes appartenant à des tiers sont susceptibles de faire peser sur les médias de service public. Tomas Granryd, de la Radio suédoise, ne ressent cependant pas de pression à cet égard : « Nous ne devons pas essayer d’attirer les auditeurs. Ce qu’il faut, c’est qu’ils puissent utiliser notre contenu où qu’ils se trouvent. Nous devons nous considérer comme des producteurs de contenus qui suscitent l’intérêt des auditeurs, en tout lieu et à tout moment. Nous devons notamment, pour cela, créer une bonne image de marque ».

Les plateformes tierces telles que Spotify n’intéressent pas Laurent Finet, de la RTBF : « Nous n’avons aucun contact avec Spotify. Nous n’avons pas besoin d’eux ; que peuvent-ils bien nous offrir ? Si nous leur donnons notre contenu, c’est eux qui en profiteront. Nous sommes présents sur YouTube, mais ce que nous voulons par-dessus tout, c’est que nos marques et notre contenu soient mis à disposition principalement sur nos sites. »

Le dernier atelier a donné l’occasion aux participants de se diviser en plusieurs groupes afin de réfléchir à un nouveau service radiophonique unique et personnalisé.  Parmi les différents concepts présentés, citons REGAL, une application qui permet à l’auditeur de personnaliser une émission particulière en « direct » en supprimant les morceaux du programme qui ne l’intéressent pas, et d’y ajouter davantage de musique et de nouvelles, p.ex.

Une autre application, baptisée InteractiveSilence, donne à l’utilisateur la possibilité de mettre la radio en pause lorsqu’il a besoin de calme pour réfléchir à ce qu’il vient tout juste d’entendre, voire pour interagir avec les invités d’émissions radiophoniques ou d’autres auditeurs.

Graham Dixon, le nouveau Responsable de la Radio de l’UER, s’est par ailleurs présenté aux délégués des 20 Membres Radio présents. Ancien responsable de BBC Radio 3, M. Dixon a tenu à souligner que la radio et l’internet fonctionnent très bien en parallèle et que les Membres Radio de l’UER doivent impérativement unir leurs efforts, sous réserve de compromettre l’avenir de la radio. 

Enfin, M. Dixon a rendu hommage à son prédécesseur, Christian Vogg, qui a organisé les trois dernières éditions de la Journée Radio nouvelle. M. Vogg est à présent de retour à la WDR, à Cologne. Graham Dixon a conclu : « L’UER est là pour vous soutenir, vous réunir, et vous présenter un nouvel et extraordinaire avenir. Tant que l’humain sera doté d’oreilles, il sera toujours intéressé par le formidable contenu que vous lui proposez. »